Vis ma vie en Jordanie

Pendant ces fêtes de fin d'année, chaleureuses, confortables, pleines de famille et d'amis, de fromage fondu et de champagne j'ai beaucoup pensé à ceux qui n'avaient pas pu rentrer fêter Noël avec leurs proches. Lors de mon bref passage en France on m'a parfois félicitée pour "ce que je fais". Je n'ai rien dit, ou alors merci, mais j'ai pensé très fort que je ne méritais pas ces félicitations et plus que jamais j'ai eu envie de raconter Amman et ma vie ici. 

Je suis une humanitaire un peu planquée. La vie ici est très confortable et depuis que je suis revenue en Novembre je bosse sur un projet qui requiert un investissement important mais qui ne connait pas d'urgences qui nécessiteraient que je reste bosser tard plusieurs soirs de suite ou que j'annule ce que j'ai prévu de faire ce weekend (ce sera peut-être le cas les dernières semaines ceci-dit, je ne me fais pas d'illusions). Je suis consciente de la chance que j'ai et je profite de cette vie. Après 5 ans à Paris, j'ai même parfois l'impression que je l'ai méritée. Travailler au siège d'une ONG - qui plus est à Paris - est vraiment dur et parfois assez ingrat mais c'est un autre sujet. 

Je suis très heureuse d'avoir pu partir sur le terrain en 2014 mais il reste une dernière étape pour transformer l'essai. Après avoir travaillé à Amman sur le suivi des activités en Irak - et donc à distance - et maintenant sur un projet RH qui est déconnecté du terrain (et en même temps très lié aux missions) je voudrais vraiment être sur le terrain avec les équipes. 

J'ai passé des chouettes fêtes de fin d'année mais j'ai beaucoup pensé à ceux qui n'avaient pas pu rentrer manger du foie gras avec leur famille... et je les ai envié en fait, parce que c'est ça que je veux faire (non, je ne parle pas de ne pas manger de foie gras en famille). En 2015 je voudrais travailler sur le terrain pour de vrai même si des fois c'est hyper dur, même si on ne peut pas être là pour des fêtes de famille et même si des fois on n'a pas le droit de toucher (spéciale dédicace Ebola). Je voudrais aussi courir un semi-marathon en 2 heures max, écrire plus souvent sur ce blog et apprendre le point de riz mais ça on s'en fout en fait. 

Bonne année ! Que vos projets se réalisent en 2015. 

*J'ai essayé d'écrire ce titre en français, ça marche pas.

Je suis au Kurdistan Irakien depuis deux semaines et j'ai un peu l'impression d'avoir perdu mes repères. Ni Erbil, ni Dohuk ne me semblent "familières". Ces villes me donnent l'impression de ne pas avoir d'âme. Erbil est un vaste chantier, le nombre de tours en construction est affolant. Ses grandes artères bordées de magasins de meubles, de centre commerciaux et d'échoppes de kébab surprennent quand on vient pour la première fois. On ne s'attend pas à ça (on ne sait pas trop à quoi s'attendre d'ailleurs, en venant ici). Dohuk en impose moins mais les maisons sont quand même assez monumentales.

Le Kurdistan est bling bling. Les maisons sont kitsch: colonnades, utilisation de différents marbres, de peinture de toutes les couleurs, dorures, frises, you name it! Quand on arrive d'Amman, ville uniformément beige avec des immeubles qui se ressemblent tous, c'est déstabilisant. Autre point assez frappant, les Kurdes aiment les grosses bagnoles. Si t'as pas un gros Land Cruiser ou un Toyota Hilux, t'as raté ta vie et le comble du chic c'est que la voiture soit blanche. Le mobilier dans les maisons est assez chargé et kitsch aussi mais pour le coup, ce n'est pas vraiment une spécificité kurde, tout le Moyen Orient souffre de ce mal incurable. Il y a d'ailleurs un énorme canapé doré dans ma chambre ici.

Je suis aussi un peu troublée parce que je ne peux pas parler avec les gens. Enfin si, mais c'est compliqué. Et même si je savais avant de venir qu'on parle kurde au Kurdistan (allo!) (il y a quand même trois dialectes kurdes différents hein, c'est pas si simple), je crois que je ne me remets pas tout à fait d'être au Moyen Orient, d'être si près de pays, de villes où j'ai mes repères, et qu'on parle une autre langue. Ça peut paraître bête mais voilà, ça me trouble. Alors bien sûr, la grande majorité de Kurdes parle arabe mais je ne sais jamais trop s'il serait bienvenu que je communique avec eux dans cette langue qu'ils considèrent le plus souvent comme une langue d'oppression. Certains commerçants sont ravis de pouvoir échanger avec des étrangers quelle que soit la langue, trouvent ça très drôle que je leur parle en arabe, et c'est assez utile puisqu'ils ne parlent pas du tout anglais la plupart du temps mais, quand même, ce n'est pas leur langue.

Je sais c'est un peu étrange, je fais un blocage sur la langue mais j'y peux rien, d'ailleurs je veux apprendre l'Espagnol avant de voyager en Amérique Latine. Je trouve ça très frustrant de ne pas pouvoir parler (ma passion dans la vie). Alors, dit comme ça, on pourrait croire que je parle couramment arabe. Ce n'est pas du tout le cas mais disons que je me débrouille et que ces échanges - aussi limités soient ils - (je n'en suis pas à avoir des discussions philosophiques)(enfin, même en français je n'en ai pas) me sont précieux. Quelle frustration de ne pas pouvoir bavarder avec le chauffeur de taxi ou le mec qui tient le kébab du coin!

Si vous avez suivi depuis le début, vous savez qu'il y a un régime monarchique en Jordanie. 

Quand on arrive ici on n'est pas trop habitués à voir des portraits du roi partout (sauf si on a habité dans un pays où c'est aussi une pratique courante, la Syrie par exemple). Ce qui est "rigolo" c'est que chez les commerçants et les particuliers il y a des photos très différentes du roi, en costard, en tenue militaire, en tenue décontractée, en famille, seul... Je vous ai préparé une petite selection, un mix de photos officielles et de photos de sites people, vous m'en direz des nouvelles.

Voici donc le roi Abdallah de Jordanie, en tenue d'apparat d'abord...

... puis sur une Harley en France, normal,...

Et incognito en vacances.

Admirez comme il sait bien porter le gilet pare-balles casual, sur l'épaule!

Depuis quelques temps déjà, le portrait du jeune prince héritier - le prince Hussein - est accroché aux cotés de celui de son père. Ca doit pas être facile... Perso, j'aurais assez mal vécu que mon portrait d'ado soit placardé partout, déjà que je détestais certaines photos que mes parents avaient encadré. Ca tombe bien vous me direz, je ne suis pas une princesse. Ouf!

Bon, il n'a plus trop sa tête d'ado là, ça doit être moins dur.

En vrai, quand il ne pose pas, il ressemble à ça.

La famille royale a pas mal la classe.

La reine est simplement canon.

Et leurs photos de famille envoient du gros! La prochaine fois qu'on fait des photos de famille Papa, est-ce qu'on pourrait pas plutôt engager le photographe qui a fait celle là? 

Et celle-ci c'est cadeau. L'énergie m'a plue et puis aussi le petit coté "le roi est un papa comme les autres", ça me touche, j'avoue.

A propos de père (voyez un peu la transition, je suis en forme aujourd'hui)(c'est parce que c'est l'Eid, les congés de fin de Ramadan), le père du roi actuel, le roi Hussein, était plutôt beau gosse. Il était très populaire et on voit encore beaucoup de portraits de lui un peu partout.

Le voici, jeune homme.

Quelques années plus tard en uniforme.

Sa femme, la reine Noor avait aussi oublié d'être moche.

C'était une autre époque, avec plus de volume capillaire, mais ils faisaient déjà des shooting photo en famille, décontract' (pas sûr que cette robe soit pratique à la plage par contre mais je doute qu'on voie la reine en photo en bikini même en 2014).

En bonus une petite vidéo du roi Aballah entrain de pousser une voiture coincée dans la neige l'hiver dernier. Est-ce qu'il n'éssaierait pas de nous montrer qu'il est un roi... normal?

http://www.youtube.com/watch?v=KAuSNpYGu7U

Lorsque je préparais mon départ en Jordanie, je me suis rendue compte que pour beaucoup "vivre à Amman" est un concept assez flou. La plupart des gens ont entendu parler de Petra et de la Mer Morte mais ont du mal à imaginer ce que c'est que vivre en Jordanie. Ca m'a donné envie de montrer mon quotidien. Ca me semble d'autant plus important qu'il y a beaucoup de mythes et de préjugés sur le Moyen Orient. L'actualité est terrifiante depuis quelques années et les médias ne montrent que la violence. J'aime le Moyen Orient et ça me tient à coeur de montrer les autres facettes de cette région. Ca ne veut pas dire que je ne vais aborder que les points positifs. Le prisme étant celui de ma vie au quotidien, je veux raconter les bonnes choses comme les mauvaises. 

J'avais envie de donner quelques explications sur ce blog. J'ai commencé sans préavis alors qu'avant de me lancer j'avais réfléchi à la ligne, même si elle n'est pas très précise. Elle peut évoluer mais je sais au moins ce que je ne vais pas partager ici, ensuite le champ des possibles est vaste. Je ne vous parlerai à priori pas de mon boulot ni de ma vie sentimentale par exemple (dit comme ça on dirait que j'en ai une)(zut j'ai dit que j'en parlais pas). 

Je crois aussi que raconter ce que je vis ici est un processus sain, écrire ces billets me permet parfois de mettre des mots sur des impressions ou émotions qui ne sont pas toujours claires dans ma tête. Je ne souhaite pas que ce blog soit un journal intime - il y a les billets que j'écris ici et il y a ceux qui restent dans mon carnet - mais j'ai envie de partager certaines de mes réflexions. 

Aussi, j'ai décidé de prendre pas mal de photos, de m'y mettre un peu sérieusement, et certains de mes billets sont assez avares en mots mais proposent des impressions en images de ma vie au quotidien. 

Voilà un peu le cadre que j'ai imaginé pour ce blog. J'espère que vous vous y sentirez bien et que vous reviendrez souvent!

Le mois du Ramadan passe plutôt inaperçu en France. On en parle 5 minutes au JT chaque année au tout début du mois et puis on oublie. On a tous un ou deux collègues ou amis qui jeûnent, avec qui on en discute un peu - "Rolala moi je pourrais pas!" "Et tu ne peux rien boire de toute la journée ,rien du tout?" - mais ça s'arrête là. Le mois de Ramadan dans un pays où la majorité des gens sont musulmans, c'est autre chose. Pour les personnes qui jeûnent, c'est à la fois un mois difficile et un mois de fête. 

Pendant le Ramadan, le rythme de la ville change. Le matin, les rues sont désertes ce qui est plutôt agréable puisque je vais au boulot à pieds. Ensuite, il y a des horaires de travail de Ramadan, on finit plus tôt. Comme on a toujours autant de travail à faire, c'est pas très très pratique. Je peux choisir de faire des heures sup mais quoi qu'il arrive le rythme de travail est différend, les administrations sont au ralenti, les équipes jordanienne et iraquienne restent parfois un peu après 14h30 mais à 16h il n'y a plus personne, le mois de Ramadan est un mois de fête que l'on passe en famille et le jeûne, surtout par cette chaleur, fatigue beaucoup.

Je profite du mois de Ramadan pour prendre des cours d'arabe l'après-midi. Il y a une session intensive d'un mois avec des cours tous les jours de la semaine. J'ai donc un rythme un peu trash: boulot, arabe puis retour au boulot mais bon il faut savoir profiter de ce genre d'opportunité! 

Tous les commerces ont des horaires de Ramadan. Ils ouvrent souvent plus tard le matin, ferment à l'heure de rupture du jeûne et rouvrent le soir. Quand je rentre du boulot, je n'entends que des bruits de couverts dans les assiettes. Les rues sont de nouveau désertes, il n'y a pas de voitures. J'ai remarqué hier que les promeneurs de chiens en profitent pour sortir à cette heure là. Inutile de préciser qu'ils ne ramassent pas, le mal est partout. 

Comme vous pouvez le voir ci-dessous, même Ikea a des horaires de Ramadan et il est possible d'aller faire son shopping jusqu'à une heure du mat'! 

C'est le concept du Ramadan, manger, rendre visite à la famille et aux amis, inviter du monde chez soi et veiller tard, enfants compris. Il y a une lanterne sur cette page du site Ikea, ça correspond à une tradition du Ramadan. Pendant ce mois saint, on met des lumières à ses fenêtres, soit des lanternes traditionnelles, soit des lampes en formes d'étoiles, soit des guirlandes lumineuses plus ou moins psychédéliques. La plupart de ces guirlandes sont en fait des décorations de Noël (avec le petit sapin sur l'emballage)!

Pendant la journée, les restaurants sont fermés, ils n'ouvrent que le soir. En Jordanie, il est défendu de manger, boire ou fumer dans la rue pendant le Ramadan, ces crimes sont passibles d'amendes. Certaines personnes ont même peur de se faire interpeller s'ils fument sur un balcon pendant la journée. 

Pendant tout le mois de Ramadan, les commerces d'alcool sont fermés. Nous avons donc fait un stock et pris les numéros de téléphone de fournisseurs qui peuvent assurer un service pendant le mois de fermeture. 

Pour l'Iftar, le repas de rupture du jeûne, on commence par manger des dattes avant de passer aux mets salés. Pour les malheureux qui seraient au volant de leur voiture au moment de la rupture du jeûne, des personnes distribuent de l'eau minérale et des dattes au feux de circulation. Même Ikea a un menu de Ramadan et propose une alternative aux boulettes pendant un mois (mais sinon ils servent les boulettes ici aussi, elles sont donc probablement Halal).

*Pour souhaiter un bon ramadan on dit "Ramadan kareem" ou "Ramadan moubarak" ce qui signifie joyeux Ramadan ou bon Ramadan.

On ne s'en rend pas tellement compte quand on est en France mais on a adopté pas mal de mesures dont le but est de préserver l'environnement. Bien sûr, il y a des personnes plus écolo que d'autres mais on est tous sensibilisés et il y a des pratiques - comme trier le verre par exemple - qu'on a adoptées il y a longtemps. D'ailleurs, chaque année à cette époque on est gênés lorsqu'on fait des piques-niques parce qu'on est obligés de jeter les bouteilles en verre dans des poubelles "tous déchets" (à moins de se les fader pendant des kilomètres ce qu'on ne fait pas). Et même si on n'est pas tous à fond dans le tri, l'utilisation de produits qui polluent peu/pas, l'objectif zéro déchets, la vigilance sur l'emballage des produits etc on est assez conscients de nos gestes. 

A Paris je trie mes déchets, j'utilise des produits d'entretien écolos, je prends mon cabas pour faire des courses, je n'utilise plus d'essuie-tout ni d'alu ou de film plastique, j'essaye de consommer bio et local et les gros paquets de madeleines sur lequel il est précisé "emballées individuellement" me contrarient.

Ici... je pleure. Rien n'est fait pour préserver l'environnement ni pour favoriser une prise de conscience. Tout le monde se tape de l'environnement et ça commence par des choses très simples: les gens jettent leurs déchets par terre, par la fenêtre, devant eux où qu'ils soient. Les voisins du dessus jettent leurs mégots par la fenêtre dans notre jardin, je kiffe. Ensuite, les commerçants utilisent à peu près un sac plastique par article vendu. Tu achètes des chewing gums? On te les mets dans un sac plastique! Quand j'habitais en Syrie il y a quelques années c'était pareil et la quantité de sacs plastiques qui se baladaient dans la nature ne sautait pas aux yeux... jusqu'à ce qu'on voie une clôture de barbelés dans le désert. Des centaines de sacs plastiques étaient accrochés dedans. Ici, il y a même des sacs plastiques, gratuits, à IKEA! Ils ont dû se dire que le concept de sac payant ne serait pas accepté/compris et ils se sont assis dessus. Fuck. Alors bon, le tri c'est pas encore pour tout de suite mais il y a quand même un projet pilote dans un ou deux quartiers et il y a moyen pour les entreprises de faire ramasser les recyclables (je suis sur motivée pour qu'on fasse ça au boulot). 

En attendant des jours meilleurs je fait marrer les Jordaniens à qui j'explique que le choix entre des assiettes en plastique produites ici et des assiettes en carton importées des Etats Unis était compliqué (vous auriez fait quoi vous?) (déjà qu'acheter de la vaisselle jetable est contre mes principes). Peut-être que ça en fera réfléchir quelques-uns...

*Qu'est ce que c'est que ça?

En arrivant, j'ai ressenti le besoin de faire quelques aménagements dans ma chambre et dans l'appart pour me sentir un peu plus chez moi. Les appartements sont très confortables mais meublés de façons assez kitsch la plupart du temps. Ca pique un peu les yeux !

Avant: on ne le voit pas sur la photo mais il y avait aussi des rideaux assez mochards et comme seul éclairage un lustre au plafond.

Après: il suffit de pas grand chose pour se sentir bien: des draps en coton, une lampe de chevet et hop! 

Depuis mon arrivée je fais mon nid. Je ne sais pas vivre autrement, j'ai besoin d'être chez moi. Probablement une conséquence de mon itinérance permanente. Bouger oui, souvent même, mais tout en faisant le nécessaire pour être chez moi à chaque fois. J'ai fait quelques achats, maintenant ça suffit, le nécessaire est là (je considère que le barbecue fait partie du minimum nécessaire d'été).

Cette installation est quand même un peu particulière car je ne suis là que pour quelques mois. Je le sais, je le savais avant de partir mais je me rends compte que j'ai du mal à m'accomoder de cette durée. J'ai besoin de me projetter mais il ne faut pas non plus que je m'emballe. Je m'installe dans un rythme de vie. Tout comme j'ai besoin de repères matériels, j'ai besoin d'habitudes, d'une routine, ma routine. J'apprécie la vie ici et je me verrais bien y rester plus longtemps. Je m'interdis un peu d'y penser. Peut-être que j'aurais l'occasion de prolonger mon séjour au delà de l'été mais rien n'est moins sûr. En attendant je profite!

Je ne sais pas trop comment qualifier ce qui se passe dans ma vie en ce moment, ça se situe quelque part entre le nouveau départ et le retour aux sources. Je me sens chez moi ici et en même temps beaucoup de choses sont nouvelles. C'est à la fois comfortable et très déstabilisant. J'ai des repères familiers mais ils s'associent d'une manière inédite. Différents environnements se télescopent: l'enfance, les voyages de tourisme, la famille, le boulot, les amis, les collègues. Plusieurs pays aussi, la Jordanie, la Syrie, l'Irak avec lesquels j'ai des liens particuliers. 

J'ai passé les premières années de ma vie en Jordanie. De ces années j'ai gardé des souvenirs d'enfant. Ils ne m'aident pas à me repérer dans Amman mais ils me font dire que je connais ce pays. J'y suis revenue en vacances plusieurs fois. Les dernières fois je suis venue en voiture depuis la Syrie avec des amis pour faire du shopping, aller à la Mer Morte, visiter Petra et Jerash, des aller-retours assez rapides pour profiter des plaisirs de la Jordanie si proche. Tant de Syriens ont fait ce même chemin ces dernières années pour fuir l'horreur, un certain nombre de familles de réfugiés sont même aux portes du site archéologique de Jerash. La guerre est là, toute proche, et ses victimes parmi nous par milliers dans cette ville où je vis comfortablement. 

Cette fois, je suis venue travailler ici mais c'est un peu plus compliqué que ça puisque je travaille sur des projets qui sont mis en oeuvre en Irak. Je pense souvent à mes grands-parents qui - jeunes mariés - sont partis à Baghdad en 1948. Mon grand-père était stagiaire. Mes collègues irakiens ont apprécié cette anecdote. Ils aimeraient que je puisse venir à Baghdad. Moi aussi. 

J'observe des nouveaux arrivés en Jordanie découvrir certaines choses que je connais déjà et que je retrouve parfois avec beaucoup de plaisir. Je savoure la surprise chez ceux qui ne s'attendent pas à me voir parler arabe (certes pas très bien mais pas trop mal non plus pour commander à manger ou parler à un chauffeur de taxi). Et oui, certains me voient parfois depuis plusieurs années derrière ce bureau, en région parisienne, mais je ne suis pas que cette personne-là. 

Nouveau boulot - on pourrait presque dire nouveau métier - nouveaux collègues, nouvel appart, nouveaux amis... C'est un réel bouleversement après avoir été sédentaire plus de 5 ans (un record personnel). Toutes ces petites choses qui font de ce pays un lieu familier atténuent un peu le choc mais rendent peut-être l'adaptation un peu plus difficile car confuse. Après un mois, je commence à y voir plus clair dans ce puzzle mais il va me falloir un peu plus de temps. 

L'andouille avec les bottes en caoutchouc rouges, c'est moi.

J'ai dit que j'allais vous raconter mon quotidien* alors je ne peux pas ne pas vous parler de mes collocs. J'ai deux collocataires, AC et Noussa. faire le portrait d'AC sur mon blog sans la consulter serait malvenu mais je peux vous présenter Noussa qui s'en fiche d'être sur les internets (à priori) et qui est de loin la colloc la plus casse-pieds et pot-de-colle des deux même si elle est mignonne aussi parfois.

Comme tous les chats, elle peut être craquante...

ridicule...

... et vraiment pénible mais je n'ai pas de photo pour illuster ces moments là car en général dans ces moments j'essaye de dormir malgré ses miaulements plaintifs de l'autre coté de la porte.

*en fait je n'ai rien dit du tout mais je vais bientôt vous expliquer le concept de ce blog ou du moins quel est le cadre que je me suis fixé.

Ma rue

Les trottoirs ne sont pas toujours très praticables mais quel plaisir de pouvoir aller au boulot à pieds tous les matins!